Le chèque essence : une innovation contextuelle
Septembre 1960, le Crédit Populaire de France innove en lançant un produit inédit : le chèque-essence. Grâce à ces chèques, plus besoin de liquide pour régler le pompiste ! Cette innovation est révélée par une campagne de communication remplie d’humour : « Faites le plein sans vous priver de liquide ». Décryptage.
Panne sèche pour les chèques en bois
Dans les années 60, le règlement du passage à la pompe était problématique : d’un côté, les vacanciers devaient prévoir une liasse de billets conséquente pour assurer une traversée de la France (avec risque de vol ou de perte) et de l’autre, les pompistes avaient souvent la désagréable surprise de constater que les chèques reçus étaient non provisionnés.
Face à cette recrudescence de chèques en bois, les pompistes et garagistes ont pris au début des années 70 une décision radicale qui a mis la solution des Banques Populaires – existante depuis une dizaine d’années – sous les projecteurs : refus pur et simple des chèques bancaires et postaux au profit du chèque essence !
C’est ainsi que ces enseignes apposaient sur leurs points de vente des affichettes prévenant leur clientèle :
Nous n’acceptons pas : les chèques postaux ou bancaires
Il est réservé le meilleur accueil au « chèque essence »
Une innovation qui carbure
Le Crédit Populaire avait négocié un accord avec les principales compagnies pétrolières, à l’instar de Antar, Avia, B.P., Esso, Mobil, Shell, Total… Leurs agents acceptaient le chèque essence en règlement d’un plein d’essence et également pour toute opération de lavage, graissage ou vidange.
Pour obtenir un carnet de dix chèques essence, l’automobiliste devait simplement s’adresser à l’un des 1 000 guichets Banque Populaire de l’époque. Les clients étaient débités uniquement lorsque le chèque était présenté par le distributeur et ils n’avaient aucune commission à régler.
À noter, les dépliants de l’époque mettaient en valeur le « contrôle aisé des dépenses de l’espèce ainsi que, grâce au feuillet intercalaire qui est inclus, les calculs des moyennes de consommation ».
Une innovation qui assurait donc la tranquillité d’esprit de l’automobiliste et du pompiste !
Dessins de Gus, parus dans le journal du Crédit Populaire de France, avril 1961 (n°40)